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Deuxième traversée du désert
Du 30 avril au 2 mai
Merzouga – Alnif – Tinghir : 175 kilomètres de piste, 100 kilomètres de route
Merzouga
De retour au camp, nous préparons les 4×4 (eau, cassette…) et allons faire le plein des réservoirs de gazole : nous repartons pour 180 kilomètres de piste dans le désert.
Le désert à nouveau
Vers 13h30, nous nous élançons sur la piste. Dans nos GPS, nous avons rentré la trace P37 téléchargée sur le site djebel4x4.com, excellent site sur lequel Philippe (Distran) partage un grand nombre de parcours au Maroc, non sans les commenter avec précision. Cette trace nous guidera de Merzouga à Alnif.
Après le lac saisonnier Dayet Srji, investi par une colonie de flamants roses, nous retrouvons le désert où nous goûtons avec bonheur aux variétés géologiques des paysages : sable, gravier, cailloux, lacs asséchés, dunes, montagnes pelées…
Bivouac parmi les dunes
En fin d’après-midi, nous arrivons en vue de la zone de dunettes signalée comme délicate pour les fourgons par le site djebel4x4.com. Avec Claude, nous partons en reconnaissance dans le Fullback. Dès la première dune franchie, nous comprenons que ce sera trop compliqué pour le Sprinter : son empattement long et sa faible garde au sol l’empêcheront de franchir correctement les dunes. Il risque fort de se retrouver planté sur les crêtes… Tant pis, il prendra un autre chemin et seuls l’Azalai et le Fullback traverseront les dunes. Ce sera pour demain.
En attendant, nous installons notre campement parmi les dunes, à l’entrée de la zone délicate. Il était temps. Le ciel noircit bientôt et nous voyons s’approcher la tempête. Il ne reste qu’à nous confiner dans les véhicules en attendant que ça passe. La tempête nous tombe dessus, moins impressionnante que la veille dans l’erg Chebbi mais nous entendons bien les grains de sable marteler les parois de la cellule. Une partie de Code Name plus tard, le vent est tombé et le ciel se dégage. C’est l’heure de passer aux choses sérieuses : feu de camp, apéro, grillades et veillée au coin du feu, en compagnie de drôles de bestioles mi-araignées, mi-scorpions et d’insectes géants…
Dunettes et grands espaces
Vendredi 1er mai. Comme prévu, nos chemins se séparent provisoirement : l’Azalai et le Fullback attaquent les dunettes, alors que le Sprinter repart sagement vers le nord pour rejoindre une piste qui lui permettra de nous retrouver un peu plus loin sur le parcours, au village de Fezzou.
Dans les dunettes, c’est une petite partie de navigation qui nous attend : pas plus de trace GPS que de traces de roues. Le jeu consiste à prendre de l’élan, passer une crête de sable, s’arrêter de l’autre côté, essayer de trouver le meilleur passage, repartir sans perdre l’objectif de parvenir de l’autre côté de la zone… Parfois, cela devient Space Mountain car il n’est pas question de s’arrêter dans le sable mou, alors on monte, on descend, on remonte… Au volant, j’avoue qu’on s’amuse bien !
Derrière les dunes, nous retrouvons la piste et la trace GPS. Ce sont encore de magnifiques paysages de montagnes mêlant sable ocre et roche noire qui s’offrent à nous. Plus loin, c’est une vaste plaine de gravier que nous traversons en essayant de trouver notre chemin parmi les innombrables traces tout en collant à la trace GPS.
Retrouvailles puis second bivouac
C’est à l’auberge de Brahim et de sa famille, dans le village de Fezzou, que nous retrouvons Véro et Claude. Autour d’un thé à la menthe (du jardin), Brahim nous parle de sa région qu’il aime et des difficultés que peuvent rencontrer encore aujourd’hui les jeunes filles pour recevoir une éducation plutôt que de se cantonner aux travaux des champs et de la maisonnée. C’est pourquoi le gouvernement préfère envoyer des institutrices plutôt que des instituteurs dans les campagnes, juste pour montrer aux villageois que les filles aussi peuvent réussir. Nous parlons aussi agriculture et il évoque la folie qui s’est répandue dans la région de Zagora avec la culture intensive des melons : c’est une région particulièrement sèche et le melon a besoin de beaucoup d’eau : la ressource n’est pas infinie. Il n’oublie pas non plus de fustiger les cultures précoces, trop gourmandes en eau, et nous vante la qualité des palmiers dattiers qui, eux, savent ménager les ressources en eau. Le thé est excellent et nous goûtons la fraîcheur de la tonnelle.
En fin d’après-midi, nous reprenons la piste, direction Alnif que nous atteindrons le lendemain. Pas de difficulté particulière dans cette deuxième partie du parcours. Nous installons notre campement dans le désert, sous les acacias, face à une belle chaîne de montagnes. Le temps semble plus clément, nous profitons d’une belle soirée et d’une excellente côte de boeuf cuite à la braise…
Quelques kilomètres de piste puis la route jusqu’à Tinghir
Jeudi 2 mai. La nuit a été agitée. Le vent s’est levé soudain vers une heure du matin. Dans les véhicules, cela n’a pas trop de conséquences. Pour la tente, c’est plus compliqué : une ou deux sardines lâchent et Thomas et Damien sont condamnés à se lever pour consolider leur installation. Pendant ce temps, le sable s’engouffre dans l’Azalai par les moustiquaires restées ouvertes. Résultat, le lendemain matin, un pellicule de sable a investi tous les recoins de la cellule. Nous aurons du mal à nous en débarrasser par la suite.
Il ne nous reste qu’une vingtaine de kilomètres de piste caillouteuse avant de rejoindre le goudron et, de là, Alnif puis Tinghir, au pied des gorges du Toghdra. Après quelques courses en ville, nous nous installons au bord de la palmeraie à l’hôtel-camping Atlas, un endroit très agréable. Christine et moi choisissons l’hôtel plutôt que le camping. Thomas et Damien aussi. Véro et Claude, en vrais routards, décident de dormir dans leur camion. Excellent dîner pour tout le monde au restaurant de l’hôtel.