Changement de programme
Nous avons finalement changé de projet. A l’origine, nous voulions partir plein nord pour atteindre Epupa Falls, sur les bords de la Kunene River, frontière naturelle avec l’Angola. C’est une région magnifique mais nous savons que c’est aussi l’endroit le plus couru du Kaokoland et que la piste qui y mène étant maintenant accessible à tous les véhicules, nous risquons d’y croiser beaucoup de monde. Alors nous avons décidé d’aller à Purros. C’est seulement à 200 kilomètres de Palmwag, dans une région très sauvage, accessible uniquement par une piste 4×4 de 100 kilomètres à partir de Sesfontein. C’est un repaire d’éléphants du désert et le lodge nous confirme que le camping y est très bien. Il y a même un village Himba, bien que Purros soit au sud des territoires himbas.
Sans regrets, nous voilà sur la piste de Sesfontein. A peine avons-nous quitté le lodge que nous apercevons tout un troupeau de girafes galopant dans le bush.
Monica et le Damara Cultural Village
A une soixantaine de kilomètres, un petit panneau de bois sur le bord de la route : « Damara Cultural Village ». Intrigués, nous nous engageons sur le petit chemin – tiens, un dromadaire – et nous voilà devant un enclos et quelques huttes. Fermé, personne, ça ressemble à ce que ça doit être : un attrape-touriste. Demi-tour, nous repartons et alors que nous arrivons à la route, une silhouette apparaît, venant d’un petit village de l’autre côté de la piste. Elle fait de grand signes et nous appelle : nous venons de rencontrer Monica.
On s’arrête, elle grimpe dans le 4×4 et nous ramène illico à l’enclos et ses huttes. Nous entrons à sa suite et c’est la métamorphose : notre petite bonne femme toute essoufflée prend son ton le plus professionnel et s’exclame « Welcome to the Damara Cultural Village ». Puis vient un festival : à elle toute seule, elle nous fait les hommes qui rentrent de la chasse, qui chantent et battent le rythme sur des batons, se lance dans une démonstration de langage (les Damaras sont le seul peuple bantou à utiliser une langue à clics), chante, danse, nous explique l’usage des différentes huttes en branche, en terre séchée et en roseaux, nous entraîne dans la hutte du sorcier et finit par la préparation de la femme pour sa nuit de noce… Alors que nous la ramenons au village, elle n’oublie pas de nous donner son adresse pour lui envoyer les photos.
Sesfontein
A nouveau la piste et nous entrons dans Sesfontein. Cette fois, nous sommes loin des agglomérations du sud. La ville fait penser à un grand village herero, avec ses cases disséminées sur un vaste terrain poussiéreux. Nous faisons le plein des 2 réservoirs à la station et nous voilà partis pour Purros.
Le Kaokoland
La piste se dégrade très vite alors que nous franchissons un premier col. Nous sommes maintenant dans le Kaokoland, une région décrite comme une des plus sauvages d’Afrique. Nous traversons des étendues de savanes où paissent des troupeaux de springboks. Nous apercevons aussi des autruches et quelques huttes de bergers herero mais très peu de bétail. La piste traverse parfois le lit asséché et sablonneux de larges rivières. Il nous faut 3 heures pour franchir une centaine de kilomètres.
A l’approche de Purros, des bouses d’éléphants témoignent de la présence des grosses bébêtes dans la région. En arrivant au village, nous assistons, émerveillés, au retour des troupeaux dans la lumière voilée de poussière du coucher de soleil.
Le camping de Purros
L’accueil au camping est très sympathique. Wagga (prononcer Waka) nous guide jusqu’à notre emplacement. Le camping (géré par la communauté Herero) est implanté sur le lit d’une rivière asséchée. L’eau abonde dans le sous-sol et les arbres sont magnifiques.
Notre emplacement est un lieu de rêve, complètement isolé à plus de 100 mètres de toute autre parcelle. Un arbre majestueux abrite notre campement. Dans le feuillage d’un autre arbre, douche (froide) et toilettes (avec chasse d’eau !) ont été aménagées. Il y a bien sûr un emplacement pour faire le feu et… plein de traces d’éléphants autour. Eh oui, nous explique Wagga, les éléphants passent tous les jours, ils étaient même là un quart d’heure avant notre arrivée…
Nous entamons encore un peu plus notre stock de grillades et passons une douce soirée sous une température bien plus clémente que ce que nous avons connu dans le sud. Comme tous les soirs, à neuf heures, tout le monde est couché.
Nuit agitée
Seulement voilà : à deux heures du matin, ça devient Jurassic Park (le 1, celui qui fait peur). Nous sommes réveillés par des bruits d’animaux tout près des tentes… Une espèce de grognement… Un bruit de souffle accompagné de craquements de branches… Une sorte de hennissement… Des zèbres ?… Puis un grognement, très fort… Un fauve ?… Cela dure des minutes et des minutes et cela se rapproche !
Dans la tente junior, ça pétoche dur. Dans la tente senior, aussi, mais, n’écoutant que son courage ;-), LM entrouvre la tente… et distingue, à quelques mètres, une belle éléphante et son petit qui se régalent dans un buisson. Christine passe à son tour la tête par l’ouverture et distingue aussi une masse grise… et un éléphant… qui se dirige droit sur elle ! elle rentre la tête… super… elle a vu…
Quand Camille et Thomas se décident à regarder à leur tour, il est trop tard, les éléphants qu’on entend toujours, ne sont plus dans le champ de vision…
Ça, c’était une belle nuit !