26 octobre, le guelb El Richat (l’oeil de l’Afrique)

63 kilomètres de piste

Départ un peu avant 9h00. Nous découvrons au petit jour le site du bivouac, très joli au milieu des acacias et des touffes d’herbe à chameau. Un troupeau de chêvres vient nous saluer en quête de quelque nourriture à grappiller.

Un troupeau de chèvre a investi le bivouac au petit matin.

Prêts à s’attaquer à l’oeil de l’Afrique !

Départ pour Guelb El Richat, appelé également l’œil de l’Afrique ou formation de Richat. Cette structure ronde formée de plusieurs cercles s’étend sur près de 50 kms de diamètre au plus large. Elle est essentiellement visible (et particulièrement spectaculaire) depuis l’espace. Bien des hypothèses ont circulé quant à son origine. Il est aujourd’hui communément admis qu’elle serait d’origine volcanique.

Notre guide hésitant sur la piste à emprunter, nous prenons le relais en utilisant nos traces GPS. Après une courte pause près des ruines d’un ancien fort portugais où un petit marché artisanal s’étoffe à notre arrivée (nous leur achetons quelques objets), nous rejoignons au cap la piste principale, ce qui permet à Ahmed de reprendre la tête du convoi.

Nous voilà partis. Devant nous, une vaste étendue de sable avec, au lointain le relief du premier anneau de la formation de Richat.

Ahmed, notre guide, s’étant perdu (ça arrive assez souvent…), nous avons navigué à partir de nos traces GPS et du guide Gandini qui signale la présence des ruines de ce fort où nous faisons une pause. Nous ne serons pas seuls très longtemps…

C’est l’occasion de faire quelques parties de ce petit jeu qui semble très apprécié dans la région.

En grimpant sur ce monticule pierreux, nous serons arrivés au centre de l’Oeil de l’Afrique

Le paysage est lunaire et impressionnant lorsque nous atteignons le centre de l’œil. Un camp de nomades et une petite oasis apparaissent du haut de ce sommet.
Plus tard, nous faisons un arrêt pique nique dans l’oasis où Mme Monod attendait patiemment le retour d’expédition de son son mari Théodore. Théodore Monod fut effectivement le premier scientifique à étudier la formation de Richat, dès 1934. Ce fut également l’objet de sa dernière expédition, en 1998, à l’âge de 96 ans.

Vues depuis le centre de la formation. On distingue, au loin, le relief des différents anneaux.

Reprise de la piste vers El Beyed. Cette fois, Ahmed a jeté l’éponge car il n’est jamais allé jusque là.  Nous suivons donc la trace Gandini, peu précise. Pistes difficiles, alternances sable caillasses avant d’atteindre une plaine plus accueillante et bien roulante. Après le passage de l’oued Karday asséché, nous apercevons au loin le dernier anneau de Guelb El Richat. Cette partie de la traversée est beaucoup moins agréable. Piste très secouante désagréable, le paysage de cailloux est assez sinistre. Quelques dromadaires esseulés broutent là où la verdure a pris le dessus sur le minéral.

Vaste plaine désertique au coeur de la formation de Richat

Un chameau solitaire

Et les choses commencent à se compliquer. Une dune barre le passage et le contournement par le plateau rocailleux n’est pas facile; une ascension très sableuse débouchant sur des gros cailloux provoque le premier ensablement du Sprinter et pour clôturer la journée, nous explosons une jante de l’Azalai en escaladant, en éclaireur, le dernier anneau de la formation par une piste très cassante.

Le Sprinter est planté dans le sable. Dégonflage obligatoire !

Une jante de l’Azalai a tapé sur un caillou, entraînant le dégonflage immédiat du pneu. Gros travail d’équipe pour le changement de roue !

Ce soir la roue de secours est en place. Les 2 Toyotas ont rejoint l’Azalai au sommet et comme la nuit tombe, ils bivouaquerons là.  Le Sprinter et les guides sont restés sur le plateau rocailleux intermédiaire. C’est là qu’ils vont bivouaquer afin d’attaquer la montée demain matin après avoir amélioré les ornières.
Bref, demain sera un autre jour….

La nuit tombe sur le plateau et le vent se lève. Pas le moindre espoir de se mettre à l’abri sur cette mer de cailloux  où rien ne pousse.

Un bivouac au milieu de nulle part.

27 octobre, el Beyed

61 kilomètres de piste

Un vent violent s’est levé cette nuit. Très dur pour ceux qui sont sous tente et très peu de sommeil pour tout le monde.
Après avoir remblayé les plus grosses ornières de la piste, le Sprinter réussit à monter et rejoindre le reste de la bande. Ouf!!!

Le jour se lève sur notre bivouac au milieu des cailloux. Le vent continue à souffler et il fait froid.

Travaux de terrassement sur la piste en vue du passage du Sprinter. C’est dans cette zone que nous avons abîmé une jante de l’Azalai la veille.

La piste toujours très rocailleuse continue sur un plateau peu hospitalier de pierres noires.
Juste avant l’arrivée sur El Beyed, 600 mètres plus bas, plusieurs descentes très caillouteuses vers la vallée sont fort désagréables mais la récompense est là : une vue magnifique sur l’immense vallée bordée par un erg de dunes face à nous.

Dernières épreuves avant El Beyed, des descentes caillouteuses bien cassantes

La vallée d’El Beyed s’offre enfin à nous.

Arrêt pique nique juste avant le village, ou plutôt le campement. Femmes et enfants arrivent peu à peu et installent leurs étals tout autour de nous accompagnés de Yeslem Ould Bouaïlla, responsable du musée créé sur la suggestion de Théodore Monod qu’il a bien connu.

En effet Près d’El Beyed se trouve un gisement très important d’outils et d’armes préhistoriques : Bifaces, haches et pointes de flèches.
Après le repas et quelques emplettes bienvenues pour les villageoises, nous partons visiter ce musée improbable installé dans une case rudimentaire. Yeslem s’applique à restituer fidèlement les explications données par Théodore Monod sur ce patrimoine inestimable.

Et pourtant, nous pensions nous être arrêtés dans un endroit totalement désertique !!

Le musée d’archéologie d’El Beyed : une architecture sommaire !!

Le marché artisanal qui nous accompagnait pendant le pique-nique s’est déjà reconstitué à l’entrée du musée lorsque nous arrivons.

Il est temps de commencer la visite.

Yeslem Ould Bouaïlla nous présente les trésors de son musée

Il est temps de reprendre la piste puis de bivouaquer. C’est au milieu des dunes, sous un ciel étoilé de toute beauté, autour d’un grand feu et bercés par la guitare de Claude que nous passons une soirée et une nuit magnifiques.

Le soir tombe sur le désert. Un spectacle dont on ne se lassera jamais.

C’est dans les dunes qui bordent la vallée que nous installons notre bivouac ce soir.

Guitare et feu de bois… Un truc de boomers !!!

28 octobre, d’El Beyed à Atar

206 kilomètres de piste

La température a baissé cette nuit et le ciel nuageux nous fait craindre la pluie, très gênante lorsqu’on roule dans les oueds. L’objectif de la journée est de rejoindre Atar avant la nuit, trouver une auberge, faire réparer la roue endommagée de l’Azalaï et se ravitailler en eau et en produits frais.

Le jour se lève sur notre bivouac dans les dunes. Le ciel ne va pas tarder à se charger de nuages

Nous démarrons vers 8h45 en suivant le lit asséché de l’´oued. Au loin le soleil est voilé, la pluie menace. Inch Allah .. 200 km de pistes nous attendent aujourd’hui.., Nous nous arrêtons près d’un puits où plusieurs d’entre nous pompent l’eau pour remplir leur réservoir à sec. On laisse des conserves en remerciement pour les nomades.
Nous progressons sans difficulté dans une vaste plaine de sable et de cailloux, avec sur notre droite les dunes d’où émerge la montagne Aderg et, à gauche, les contreforts du plateau rocheux masquant le Guelb el Richat.

Ravitaillement en eau dans un puits

Dégonflage et gonflage, l’activité récurrente des voyageurs des sables…

Un arbre majestueux se dresse au milieu du lit de l’oued.

La masse noire de la montagne Aderg se dresse dans le lointain

Nous traversons un camp nomade inoccupé mais dont les cabanes parfaitement entretenues témoignent d’une utilisation régulière.

Et voilà que nous entamons la traversée du Sebkhet Chemchâm, un immense lac salé heureusement à sec. La croute de sel et le ciel plombé nous offrent un paysage  de neige, quasiment hivernal. La piste est très roulante, nous avançons à 80/90 km/heure pendant la soixantaine de kilomètres que va durer la traversée. Cela augmente sérieusement nos chances d’arriver à Atar avant la nuit.

Sur le Sebkhet Chemchâm, on se croirait en plein hiver !

Nous quittons ensuite le lac pour le sable dans un paysage toujours désertique mais légèrement vallonné par endroit.

Puis c’est l’arrivée sur Atar, plutôt désolante : des détritus jonchent le bord de la piste environ 10 kms avant la ville, des habitations misérables pullulent, témoins de la grande pauvreté de ce pays.
Mais soudain les téléphones vibrent les messages affluent et nous pouvons enfin donner des nouvelles à nos proches. Soirée et nuit à l’auberge Bab Sahara qui nous sert au diner un excellent tajine de poulet.

Pas de difficulté majeure sur la dernière partie du trajet même si nous devons parfois jardiner un peu pour retrouver la piste.

Les restes d’une Land Rover devant un hameau de quelques cases.

Au milieu du désert, les ruines de ce qui fut une mosquée ou peut-être un palais.

Notre trace : Ouadane, la formation de Richat, El Beyed puis Atar, 330 kilomètres

Pour télécharger notre trace GPX, cliquez ici